Bain de minuit

La lune est un mystère qui se reflète sur l’eau d’une rivière immobilisée par le désenchantement tranquille d’un soir d’été.

Je m’y noierai ; nue comme la lumière qui s’y projette; réfléchie sur un miroir cassé et les sept ans de malheur qui viennent en prime.

Mes irréflexions d’irréfléchie m’accablent et si le paysage absorbe ma peine, il me laisse avec mes incertitudes.

Je suis seule dans la noirceur qui s’étire et le piano blanc trône; étincelant, au milieu de la forêt dense.

La lune est orpheline quand les étoiles filent; le ciel est un ventre vide.

Le silence plane; me désarmant du chaos rassurant qui se perd un peu.

La nuit me prend de ses mains d’homme; de ses mains de désirs et d’impulsion craintive.

Le charme des autres; c’est un sourire qui s’évapore.

La rivière m’attire.

Je m’y noierai; vêtue d’un rien qui m’habille et souriant d’une conscience agitée qui se veut tranquille.

 

 

Que du vide

Je veux m’endormir dans la folie des lendemains qui meurent sans qu’on ait eu le temps de les voir passer. Je veux sombrer dans la chaleur de tes bras et m’éveiller là où je t’ai quitté; entre nos deux fatigues qui s’enlacent. Je veux que tu me serres jusqu’au bout de la nuit, que tu me bordes dans les songes des jours meilleurs. Restes jusqu’à mon réveil au moins, attends, pour une fois, que le soleil fasse briller mes yeux avant de m’abandonner à mon désir fou. Aime-moi plus loin que la lassitude de mon entre-jambe et plus haut que la pointe de mes seins dressée pour toi. Je n’en peux plus de l’amour qui ne dure qu’une nuit. Je n’en peux plus des extases qui s’évaporent plus vite qu’elles ne se créent. À nos deux corps qui se frôlent, on ne construit que du vide et chaque fois que tu pars, tu m’y jettes sans même poser un dernier baiser sur mon front.